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Choisir la CSN, pour ses services inégalés et pour garder son autonomie

Éric Moffet, nouveau président du STT de Bibby Sainte-Croix

Quitter une centrale syndicale pour en choisir une autre est une décision qu’il faut mûrir correctement. En décembre dernier, c’est le choix qu’ont fait les quelque 315 travailleuses et travailleurs de la fonderie Bibby Sainte-Croix dans Lotbinière.

« On n’était pas satisfaits des services terrain que l’on recevait avec notre ancienne centrale syndicale, la CSD. On a opté pour la CSN, en grande partie pour les services offerts, la force du nombre et parce qu’on souhaitait rester autonomes. C’était important pour nos 315 membres », affirme avec le sourire Éric Moffet, fraîchement élu à la présidence du STT de Bibby Sainte-Croix.

« Nous, on veut un encadrement, un appui en matière de lois du travail et dans les dossiers de santé et de sécurité du travail, parce que c’est une problématique que l’on vit dans notre milieu. On a constaté que ces questions sont au cœur des luttes de la CSN et de la FIM. » Les travailleurs de la fonderie, qui produit notamment des canalisations en fonte, se questionnent entre autres sur la qualité de l’air en raison de la poussière de silice.

Stéphanie Demers | SPUQO | Outaouais

 

Bruno Michaud travaille à l’hôtel PUR depuis 30 ans

Stéphanie Demers travaille à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2011

Le meilleur outil pour une vie bonne

Stéphanie Demers est professeure en fondement de l’éducation à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2011. Elle y a également étudié et elle milite au sein du Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec en Outaouais (SPUQO).


« Mon implication syndicale n’est pas récente. Alors que j’enseignais au secondaire, je me suis impliquée dans mon syndicat, la CEQ à l’époque, qui est devenue par la suite la CSQ.

J’ai toujours cherché à m’impliquer parce que je considère qu’un syndicat, c’est un lieu où on favorise la vie bonne, dans le sens où l’entendait Aristote. Je considère qu’en m’impliquant dans un processus collectif, je fais rayonner cette vie bonne par des gestes justes, éthiques et altruistes.

La grève étudiante que nous avons vécue ici en Outaouais en 2012 nous a donné plusieurs moments forts de cette vie bonne. Lors d’une assemblée de notre syndicat, qui avait réuni presque tous les membres, nous devions nous positionner face à cette grève étudiante. Les témoignages, les échanges et les débats au micro n’ont pas touché à des sujets corporatistes, centrés sur nos préoccupations ou égoïstes. Nous avons tout simplement considéré ce qui était socialement juste de faire. Il fallait prendre position face à ces personnes avec qui nous tissons des relations humaines profondes durant leur cheminement universitaire.

Ce jour-là, notre assemblée générale a voté un appui fort à la grève étudiante. Il y avait cette idée que notre débat et notre décision éclairée s’inscrivaient dans la poursuite d’un idéal de justice sociale.

Ce fut un moment fort très émouvant, particulièrement lorsque nous sommes arrivés à notre assemblée et que les étudiantes et les étudiants nous ont accueillis avec une haie d’honneur. Durant l’assemblée, nous avions même une pancarte affichée dans une fenêtre qui nous disait : On vous aime ! 

Sans ce mouvement de gens engagés dans un processus de vie bonne, sans l’action syndicale et sans cette solidarité intersyndicale, rien de tout ceci ne serait possible. »

 

Une stratégie de communication à l’épreuve du temps

« L’information, c’est le nerf de la guerre », affirme d’emblée Philipe Leroux, secrétaire et responsable à l’information du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’hôpital Louis-H. Lafontaine (STTLHL). Depuis près de 43 ans, le syndicat publie le journal Les P’tites Nouvelles, un élément important de la stratégie de communication du syndicat.

Publié environ quatre fois par année, Les P’tites Nouvelles est un journal réalisé entièrement par le comité information du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine (STTLHL), établissement situé dans l’est de Montréal. Pour compléter l’information qu’il diffuse, le syndicat utilise à l’occasion d’autres outils comme des tracts ou des numéros express du journal.

« Parfois, cela prend plus de temps pour produire un numéro. Quand ça arrive, on se le fait dire », affirme à la blague Philipe Leroux. « On transmet toujours l’information nationale et régionale qui provient de la CSN, et en plus de cela, on essaie de rejoindre les gens avec des nouvelles locales. C’est aussi très important de parler de ce qui touche les réalités et le milieu de travail des membres. »

Volume 1, no 2, 1974

Les collaborateurs ne se gênent pas pour se rendre dans les différents départements pour enrichir le contenu du journal. « On demande souvent à un travailleur de nous donner son avis sur une situation spécifiques. On va aussi consulter les départements. On publie aussi parfois directement les propos des membres », ajoute-t-il.

L’information ouverte et démocratique

En 1974, on pouvait lire dans un numéro « Travailleur, prends ta plume! Le Comité du Journal invite tous les travailleurs et les travailleuses à émettre leurs opinions : sur leurs conditions de travail, le syndicalisme, la lutte d’autres travailleurs, le bien-être des patients, etc. »

Le camarade Leroux affirme que sur le fond, les façons de faire du Comité n’ont toujours pas changé. « Aujourd’hui, le journal est toujours ouvert aux membres. Lorsqu’il y a une controverse, on offre un droit de réplique. Le seul qui n’a pas droit de parole, c’est l’employeur, parce qu’il a ses propres moyens de diffusion. »

Toutes les étapes de production sont réalisées par les membres du comité information du syndicat. Plus de 700 exemplaires sont imprimés lors de chaque parution dans les bureaux du syndicat. C’est beaucoup de travail pour le Comité information composé de quatre militants qui ne sont pas élus sur l’exécutif. Produire du contenu de qualité demande un certain dévouement. Comme le mentionne Philipe Leroux, le travail ne se fait pas uniquement sur les heures de bureau.

Diffuser les P’tites Nouvelles

Si l’étape de la production du journal est importante, la distribution des exemplaires l’est d’autant plus. À travers les années, le Comité information du STTHL a su s’adapter aux développements des communications, mais n’a jamais délaissé le format papier. Ce dernier peut être remis en mains propres aux membres et ce, directement dans leur milieu de travail. « À 7 h du matin, on est régulièrement dehors et on passe des tracts devant les portes d’entrée. On a aussi des délégué-es dans tous les services. On envoie environ 80 et 100 enveloppes qui vont dans tous les services. Les délégué-es reçoivent le matériel et le distribuent dans les départements. »

S’adapter au développement des nouvelles technologies

Le syndicat a aussi un site web, ainsi qu’une page Facebook et un compte Twitter sur lesquels il publie de l’information plus factuelle. Alimentés régulièrement par le contenu produit par la CSN, la FSSS et le CCMM, le STTHL publie aussi des tracts ou des P’tites nouvelles, mais en répondant aux exigences des médias sociaux avec du contenu plus court et accrocheur. « Parfois on aura trois à quatre articles par tract, donc sur le Web on fait plusieurs publications. » Le syndicat possède aussi une liste de courriels avec plus de 400 noms qui reçoivent à l’occasion une infolettre.

Le plus grand défi ? « Vaincre l’indifférence des gens. La vague de droite nous touche nous aussi. Il faut aussi trouver des moyens afin de rejoindre les plus jeunes générations. »

Le syndicat qui est aujourd’hui en plein vote d’allégeance se bat pour demeurer à la CSN. « C’est aussi une question d’histoire. On a toujours tout gardé. On a même des PV qui datent de 1945. Ça serait dommage de perdre tout ça », conclut Philipe Leroux.